13 avr. 2008

Le goût de l'effort : publié par OUEST France

Évidemment, l’hédonisme est plaisant à court terme. Mais l’enfant doit aussi apprendre à gagner du plaisir à moyen et long terme. Et cela demande des efforts de patience, de constance…Cela permet à l’enfant d’acquérir le principe de réalité.

Sur ce texte à lire avec lequel on s'accorde... psychologiquement et non philosophiquement : deux ou trois remarques...
  • l'hedonisme est ici présenté de telle sorte qu'il semble l'apanage de l'enfance, pulsionnel et irrationnel : non... ce n'est ici que le goût naturel du plaisir...
  • l'hédonisme n'est pas plaisant à court terme. Courtes ou longues, les séquences de vie qui ont le plaisir pour finalité sont philosophiquement hédonistes.
  • L'opposition Eudémonisme/hédonisme de la philosophie classique ne serait-elle pas caduque ? "l’EUDÉMONISME est la doctrine philosophique qui dit que le bonheur est le but ultime et suprême de l’existence et que ce but ultime n’est accessible que grâce à la Vertu. Pour l’HÉDONISME, le bonheur est également le but ultime de l’existence, mais ce but n’est accessible que par le Plaisir."
  • Les travaux de Mihali Csikszentmihalyi sur le bohneur fusionnent ces deux dimensions. Par l'approche de l'expérience optimale (flow...) quête du bohneur, efforts/plaisir ne font plus qu'un.
Le goût de l'effort
vendredi 28 mars 2008
L’avis du spécialiste

Didier Pleux est docteur en psychologie du développement à Caen. Il est l’auteur de Peut mieux faire et De l’enfant roi à l’enfant tyran aux éditions Odile Jacob.
« Avant de parler de goût, je dirai que c’est le sens même de l’effort qu’il faut replacer au cœur du problème. Il est indispensable de comprendre que l’effort n’est pas inné chez l’enfant. Il est dans le plaisir immédiat et refuse naturellement la contrainte. C’est aux parents de donner ce sens, de leur montrer que tout résultat, toute satisfaction s’obtiennent par l’effort. C’est vrai que les dernières générations de parents ont été marquées par une exacerbation du plaisir de l’enfant largement véhiculée par la société de consommation. Tout est fait pour répondre vite et en nombre aux désirs des enfants. Beaucoup ont été aussi imprégnés des thèses de la psychologie classique prônant qu’avec beaucoup d’amour, de communication et peu d’interdits, l’enfant va grandir sereinement. Évidemment, l’hédonisme est plaisant à court terme. Mais l’enfant doit aussi apprendre à gagner du plaisir à moyen et long terme. Et cela demande des efforts de patience, de constance… Cela permet à l’enfant d’acquérir le principe de réalité. Cet apprentissage commence dès la petite enfance. Tout est question de mesure bien sûr mais, par exemple, un enfant ne doit pas être alimenté à la demande, il y a des heures pour cela. Quand il joue et dérange les jouets de sa chambre, il doit apprendre à les ranger avant de passer à autre chose. Plus tard, dans ses loisirs, ne pas céder facilement au jumping d’activités à savoir pendant six mois je fais du judo, puis pendant trois du théâtre et le restant de l’année de la danse… Ce refus du « tout, tout de suite » crée inévitablement des tensions entre parents et enfants : Les parents doivent accepter le conflit et, de temps en temps, de n’être pas très aimés par leurs enfants qui nous trouvent ringards, sévères, gênants dans leur existence. Quand l’enfant réalise que les choses contraignantes sont faites et bien faites, sa satisfaction est d’autant plus forte. » Recueilli par Valérie Parlan

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